Le Laos, nature intacte!

Par Aube Savard

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Un peu plus étendu que le Cambodge, le Laos compte près de 7 millions d’habitants. C’est le seul pays de la péninsule indochinoise sans débouché sur la mer. Mais, couvert de montagnes, traversé par le fleuve Mékong, il offre des paysages fascinants.

Dans le sud, 4000 îles semblent voguer sur le Mékong comme des petites parcelles de verdure. On y trouve de superbes cascades dans une nature encore presque intouchée. L’île de Don Det, où nous avons déposé nos bagages, attire nombre de jeunes voyageurs qui veulent avoir du bon temps et faire la fête. Havre propice aux rencontres, il y règne une ambiance de vacances. Dans les cafés, on peut même regarder des épisodes de Friends qu’on y diffuse en boucle!

Sur l’île, aucune voiture ni transport collectif. Heureusement, les établissements d’hébergement sont à peine à un ou deux kilomètres (pas plus…) de la plage où le bateau nous dépose. Toutefois, l’hébergement est rudimentaire. Les meubles se font rares, la propreté est douteuse et le fonctionnement des installations laisse à désirer.

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De là, nous allons sur le Plateau des Bolovens, une région que beaucoup découvrent à moto. Bien sûr, on peut aussi y aller en voiture. Plusieurs agences de voyage proposent des excursions pour aller admirer de magnifiques chutes ou visiter un village ethnique. Avec une mobilité réduite, visiter le village relève de l’exploit, tant le chemin est inégal et à pic. Ce hameau n’a rien de spécial, sauf qu’on y constate encore que des gens peuvent vivre avec moins que rien… Quant aux chutes, sur les quatre où on nous a amenés, je n’ai pu en voir que deux… mais elles valaient le coup d’œil.

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Passage en ville

Luang Prabang est une ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Toute magnifique, elle diffère vraiment du reste du pays. On change de classe. Les maisons de bois sont superbes et bien entretenues, les boutiques aérées, les restaurants joliment décorés. Le soir, les rues sont illuminées par des lanternes colorées. On se croirait en Occident! Et que dire du marché du soir qui à ce moment rassemble des dizaines d’artisans. On y vend tant de pures merveilles qu’on voudrait tout acheter!

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La croisière en bateau sur le Mékong de Huay Xai à Luang Prabang nous a attirés, comme bien d’autres touristes. La nature intacte et les scènes de la vie quotidienne qu’on a vu défiler au cours de cette navigation m’ont particulièrement émue. Deux choix s’offrent à vous : la croisière de luxe ou l’ordinaire. Avec la moins chère, vous êtes entassés sur des bancs de bois : pensez à votre dos. Vous devrez également prévoir votre nourriture et vos rafraîchissements. Puisque le parcours s’étend sur deux jours entiers, avec un arrêt à mi-chemin où il faut avoir prévu son hébergement, nous avons préféré le grand luxe… La nourriture fournie était très bonne et nous avions droit à des coussins et couvertures. Par contre, la ville de Pakbeng où on s’arrête pour la nuit est construite sur une montagne. La côte n’en finit pas. Mon copain, pourtant très en forme, n’a pas trouvé facile de me pousser jusqu’à l’hôtel! De plus, suivant la saison, l’embarcadère à Luang Prabang donne sur un escalier d’une bonne centaine de marches! Admirez plutôt le Mékong depuis la rive, c’est plus facile !

Inconvénients habituels…

D’un point de vue physique, le pays n’est donc pas facile à visiter, mais pas tellement pire que le Vietnam ou le Cambodge, dont j’ai parlé dans le précédent numéro. Là où ça se complique, c’est au niveau des mentalités, et je tiens à prévenir les personnes handicapées qui souhaitent visiter ce pays. Voici quelques anecdotes qui vous permettront de mieux saisir de quoi il retourne.

Je voyageais avec mon conjoint. Sur les trente jours que nous avons passés au Laos, on a dû me demander au moins vingt fois si nous formions un couple. Après avoir répondu par l’affirmative, la réaction était invariablement celle-ci : « Oh, ce que tu es chanceuse! Ça doit être le dernier homme sur terre comme ça!!! » J’avoue, oui, je suis très chanceuse. Cependant, j’ose croire que je ne suis pas qu’un poids pour mon conjoint. À Luang Namtha, une ville du nord-ouest du pays, nous avons rencontré un homme qui est resté handicapé suite à un accident. Il nous a invité chez lui et nous avons rencontré sa femme qui nous a raconté, les larmes aux yeux, que les gens lui disent avec dégoût : « Tu sors avec lui, même s’il est comme ça? » Vous imaginez sa vie? Et celle de son conjoint?

À un autre moment, nous voulons prendre un bus de nuit avec couchettes. Arrivés à l’arrêt du bus, je vais au guichet chercher nos billets. Une fois au bus, je les donne à l’employée qui nous indique que notre couchette est à l’étage. Je regarde l’escalier et constate que malgré toute l’aide du monde, je n’arriverai pas à le monter. Marches étroites, très hautes, escalier tournant, aucune rampe ni rien sur quoi m’appuyer. Je retourne donc voir le guichetier et lui explique la situation. Il me répond qu’il est désolé mais ne peut rien faire. Étonnée et me disant qu’il a peut-être mal compris, je réexplique. Sa réponse ne change pas. Je vais même jusqu’à lui dire que je suis incapable de monter au même titre qu’il serait incapable de marcher si on lui coupait les jambes. Sa réponse est identique. Que faire? Si je veux prendre ce bus comme j’en ai le droit, je n’ai plus qu’à m’imposer. Je suis donc montée dans le bus et me suis installée avec mon conjoint sur le premier lit libre du « rez-de-chaussée » du bus. Pendant une demi-heure, les employés sont venus voir à tour de rôle qui était cette femme qui ne voulait pas monter à l’étage. Voyant qu’ils n’auraient pas gain de cause, ils se sont résignés…

À Luang Prabang, nous voulions aller visiter le Palais royal. À la porte, le gardien me voit assise dans mon fauteuil roulant et me dit d’un air embêté que si je veux entrer, je dois nettoyer les roues de mon fauteuil. Il faut savoir qu’en Asie, on se déchausse pour entrer dans les maisons et les lieux de culte. Je veux bien respecter cette règle de politesse mais je lui explique que je n’ai rien pour nettoyer mes pneus. Je lui demande un torchon et non sans marmonner, il part en chercher un. Entre-temps, une de ses collègues qui ne parle pas anglais nous fait signe d’utiliser notre t-shirt… Nous sommes stupéfaits ! Nous lui faisons voir qu’il n’en n’est pas question. C’est alors qu’elle pointe mon foulard! Croyant qu’elle se fout de nous, nous décidons d’en rigoler. Vexée, elle nous mime donc de lécher les roues du fauteuil!!! Oui, oui, je le jure!

Nous l’avons fait cuire pour le souper… (hi hi!)

Cela dit, je ne regrette en rien ce voyage. C’est pour me rendre compte des différences, belles comme moins belles, que j’aime visiter les pays en voie de développement. C’est ce qui rend le voyage enrichissant et me fait apprécier la qualité de vie que nous avons au Québec. Et puis, c’est quand même très beau, le Laos!

 

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