Par Aube Savard
Elle a longtemps fait peur, la Colombie. Heureusement, Pablo Escobar n’est plus. Son trafic de cocaïne et la violence impitoyable qui l’accompagnait sont révolus. Les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ont déposé les armes. Le pays est dorénavant beaucoup plus sûr.
Située au niveau de l’équateur, offrant des paysages variés, la Colombie a un énorme potentiel touristique… qu’il reste à exploiter. Certaines régions sont peu accessibles. C’est pourquoi nous avons jeté notre dévolu sur trois d’entre elles : les Andes, la côte des Caraïbes et la zone marécageuse du fleuve la Magdalena.
Chasse au trésor dans la grande ville
Bogota, la capitale, où nous avons commencé notre balade, est une grande ville étendue dans une vallée des Andes. Au départ, la poignée de mon fauteuil s’étant brisée, nous avons dû chercher un magasin de vélos pour la remplacer. Il nous a fallu sillonner la ville au moins trois heures avant de trouver le bon.
Cette visite fortuite de la ville nous a permis de découvrir plusieurs quartiers et de constater que chacun a sa spécialité : celui des vendeurs d’accessoires de cellulaires, des réparateurs de motos, de vélos, etc. On a aussi eu un choc en découvrant le haut niveau de pauvreté et d’itinérance. Sur un boulevard, nous avons compté pas moins d’une cinquantaine de tentes plantées sur le terre-plein par des itinérants y élisant domicile!
Je vous conseille donc la prudence. Ne sortez pas votre bel appareil-photo dans une zone non touristique comme je l’ai fait. L’équipement électronique suscite clairement l’envie. Prenez aussi garde à vous lorsque vous vous baladez car la circulation est dense et, contrairement au Québec, les piétons n’ont pas la priorité, loin de là!
Bien qu’il n’y ait pas de bateaux pavés partout, la ville compte un certain nombre de rampes bien identifiées. Elle est donc finalement assez accessible pour une agglomération dans un pays qui est toujours en développement. J’ai d’ailleurs vu plusieurs personnes handicapées dans les rues. Certaines lignes de bus accessibles aux personnes en fauteuil roulant facilitent leurs déplacements.
Le Musée de l’or est accessible et exceptionnel. Allez-y sans faute! Bogota compte en outre de nombreux musées populaires auprès des gens du cru. On a aussi vu de très belles fresques dans le quartier de notre hôtel. De plus, une des rues commerçantes devient piétonne le dimanche, ce qui crée une ambiance des plus chouettes.
Malgré ces atouts, Bogota reste l’une de ces grandes villes qui me fatiguent : trop de bruit, de gens, de distances à parcourir, etc. C’est donc avec soulagement que j’ai pris le bus pour notre prochaine destination.
Villa de Leyva… dans quelques années!
C’est mon gros coup de cœur. N’y allez cependant pas tout de suite. Je vous explique. Villa de Leyva est une magnifique petite ville coloniale aux maisons blanches avec balcons sculptés et toits de tuiles. C’est un endroit charmant, à l’ambiance de vacances et à l’atmosphère animée en soirée. J’ai adoré.
Mais, c’est aussi le summum de l’inaccessibilité! Les rues sont faites de grosses pierres inégales dont les interstices sont plus ou moins bien comblés. Même avec un fauteuil aux roues adaptées pour le cross comme le mien et un amoureux déterminé (comme le mien), c’est extrêmement difficile de s’y déplacer. Fort heureusement, des travaux sont en cours pour créer des trottoirs à surface plate. Bon point pour les personnes en fauteuil roulant : ces nouveaux « trottoirs » seront au même niveau que la rue. Selon ce qu’on nous a dit, les travaux devraient se terminer dans deux ans… Par précaution, attendez quatre ou cinq ans avant d’y poser vos bagages.
Une autre mignonne petite ville!
De là, nous sommes allés visiter Barichara, une autre très jolie ville de maisons blanches. Assoyez-vous quelques instants dans le parc central pour observer la vie locale. Encore une fois, l’accessibilité est ici difficile. La ville, logée dans les montagnes, a beaucoup de dénivelés. Étrangement, les trottoirs ne suivent pas toujours l’inclinaison de la rue de sorte que leur hauteur varie beaucoup d’une extrémité de la rue à l’autre. Cela devient si haut qu’il est impossible de descendre du trottoir en fauteuil. Il faudrait des écluses… Ne reste plus qu’à faire demi-tour.
Mon conseil : roulez dans la rue. Même si elles sont en pavés inégaux, vous pourrez au moins poursuivre votre visite. Encore mieux : payez-vous une balade en tuk-tuk.
Direction la côte!
Pour rejoindre la côte, un long trajet de bus nous attend. Une surprise de taille aussi. Le paysage et l’architecture changent du tout au tout. Au lieu des villes coloniales proprettes que nous avons connues, ici les déchets jonchent le sol. Nous avons l’impression d’être parachutés en Afrique, pourtant nous sommes toujours en Colombie…
En arrivant à Taganga, le taxi doit ralentir tellement les rues de terre battue sont défoncées. On se croirait dans une zone sinistrée. Notre hôtel, Casa D’mer, possède tout de même une chambre avec salle de bain adaptée aux personnes à mobilité réduite et tient à la disposition des voyageurs un bon vieux modèle de fauteuil roulant. Histoire de nous faire à ce nouvel environnement, nous partons nous balader. Décidément, nous ne sommes pas au bout de nos surprises puisque dans ce lieu d’après-guerre, une promenade avec rampes d’accès longe le bord de l’eau!
Le parc Tayrona, tout près, est le but de notre visite. La seule option pour une personne à mobilité réduite est de prendre le bateau. Il faut toutefois accepter de se faire prendre pour monter à bord car il n’y a aucun quai. Il faut aussi pouvoir faire quelques pas et être capable de se mouvoir un peu car le bateau a une configuration qui rend tout mouvement ardu. En somme, le parc Tayrona n’a pas encore les installations adaptées pour être accessible aux personnes handicapées. Il reste beaucoup à faire. Ceci dit, la plage Cabo San Juan où nous sommes allés était splendide. Il ne manquait que l’eau turquoise pour rivaliser avec celles de Thaïlande!
Belle Carthagène
Cette vieille ville fortifiée réputée possède des rues étroites bordées de maisons colorées aux balcons de barreaux de bois. De nombreuses petites places, entourées de bars et restaurants où se rassemblent les gens en soirée, nous font passer un bon moment animé. Sachez-le, la circulation est dense et les trottoirs étroits. Vos déplacements ne seront pas aisés mais ils en valent la peine!
D’un autre temps
Mompox est une ville inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, et avec raison. Sise dans la zone marécageuse du fleuve la Magdalena, c’est une ville tranquille peu touristique, maisons blanches, églises colorées, joliment éclairée le soir : une étape parfaite pour faire une pause. Mais, encore une fois, les trottoirs sont très hauts : il y a souvent des marches pour y monter!
Des couleurs à profusion!
Guatapé est mon second coup de cœur du voyage. Située dans les montagnes au bord d’un lac, cette petite cité est d’un charme incontestable. Ici, les maisons sont peintes de couleurs vives et comportent des bas-reliefs illustrant des scènes de la vie quotidienne. Originale et agréable, elle m’a enchantée!
À propos de la Colombie
Superficie : Environ le 2/3 du Québec
Population : 50 millions d’habitants
PIB par habitant : 5 805 $US (2016)
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