Par Blandine Even
En juin 2022, je suis partie au Canada, un pays que je rêvais d’explorer depuis longtemps! Au programme : deux semaines dans l’Ouest (de Vancouver à Banff, en passant par Tofino et Jasper), puis 10 jours au Québec. Pour ce voyage, j’étais accompagnée par deux personnes et je me déplaçais en fauteuil roulant manuel, avec une troisième roue motorisée (Triride) qui s’attache à l’avant du fauteuil.
Quatrième et dernière étape de ce magnifique voyage dans l’ouest du Canada : les parcs nationaux de Banff et de Yoho.
Nous passons trois nuits dans une suite accessible du Paradise Lodge & Bungalows, très bien situé à 1,5 km du lac Louise. Les hébergements dans le village sont peu nombreux; il est donc indispensable de s’y prendre à l’avance pour réserver. L’auberge de jeunesse dispose d’une chambre adaptée aux personnes à mobilité réduite, mais celle-ci n’était déjà plus disponible six mois avant notre séjour. La petite ville de Banff, à environ une heure de route, propose un plus grand choix d’hébergements accessibles.
Lake Louise est certainement l’endroit le plus touristique de l’Ouest canadien. Mon conseil numéro un est donc : levez-vous tôt, très tôt! En ce 1er juillet 2022, jour de la fête du Canada et début d’un long week-end, notre réveil sonne à 5 h pile. À 5 h 40, nous nous retrouvons bloqués par une barrière : le stationnement du Lac Moraine est déjà complet, et la route qui y mène est fermée! Je montre ma carte de stationnement au garde, et lui explique que je suis en fauteuil roulant. Il accepte de nous laisser passer, mais il nous avertit que les emplacements spécifiques sont probablement également tous occupés. À 6 h, nous arrivons au stationnement : sur les cent-cinquante places, six sont réservées aux personnes handicapées, et seulement deux sont occupées. C’est notre jour de chance! Il ne fait que 5 degrés, et le soleil commence à se lever. Conseil numéro deux : habillez-vous chaudement!
En fauteuil roulant, il n’y a qu’une cinquantaine de mètres à parcourir pour atteindre les rives du lac, d’où l’on aperçoit cinq ou six sommets en arrière-plan. Les eaux sont calmes et limpides, dans les tons bleu-vert. Le point de vue le plus spectaculaire se trouve au-dessus d’un immense tas de rochers, accessible uniquement par des escaliers assez raides. Un sentier longe le lac d’un côté, mais celui-ci comporte quelques obstacles : un escalier de trois marches au début, quelques passages inclinés sur le côté, de grosses racines et un petit pont avec une marche à monter puis une marche à redescendre. Avec l’aide de deux personnes, j’ai pu avancer jusqu’à la moitié du parcours.
Vers 8 h, le soleil arrive pour de bon et illumine progressivement les montagnes qui entourent le lac : le spectacle est magnifique! Nous prenons notre petit-déjeuner sur un banc, puis nous rentrons nous reposer au lodge.
L’après-midi, nous laissons notre voiture à côté de la gare de Lake Louise et nous profitons d’une agréable balade d’une heure le long de la Bow River. Le sentier est relativement plat, et à part quelques adorables écureuils, nous ne croisons personne!
Le lendemain, nous commençons la journée au célèbre Lac Louise. Nous n’aimons pas les foules, mais heureusement, il fait encore relativement calme à 7 h du matin. Petite surprise en arrivant au stationnement : celui-ci est payant (12 $ par jour), même pour les personnes à mobilité réduite ! Toutes les places réservées (une vingtaine) sont encore libres.
Un sentier de 2 km, bien large et assez plat, nous conduit à l’autre extrémité du lac. D’abord asphalté puis en terre battue, celui-ci est plus praticable qu’au Lac Moraine. La plupart des touristes restant à proximité du gigantesque hôtel, et tout concentrés sur leurs selfies, il suffit de s’en éloigner pour regagner un peu de tranquillité. Nous n’y retrouvons pas la magie du Lac Moraine, mais la promenade est agréable.
En fin de matinée, nous prenons la route vers le parc national de Yoho. Nous pensions que le lac Émeraude (Emerald) serait moins fréquenté que ses voisins, mais nous nous trompions! À midi, le stationnement est complet. Par chance, un des trois emplacements réservés se libère. Nous décidons de faire le tour du lac, et nous partons vers les bâtiments de l’hôtel du côté droit. Très vite, le sentier devient complètement impraticable et je suis contrainte de faire demi-tour. Je conseille donc aux personnes à mobilité réduite de partir de l’autre côté, dans le sens des aiguilles d’une montre. Le sentier longe le lac sur 2 km et est bien accessible en fauteuil roulant, sans aucun obstacle. Malgré le ciel couvert, les reflets émeraude sont de toute beauté. Encore une belle balade à ne pas manquer!
Dernière merveille de la journée : les chutes Takakkaw. À 40 minutes de route du lac Émeraude, c’est un arrêt indispensable dans le parc de Yoho. Le stationnement est assez petit et ne compte apparemment aucune place réservée aux personnes à mobilité réduite mais le sentier qui mène aux chutes est parfaitement accessible et il serait dommage de s’en priver. Après un petit quart d’heure de marche, on se retrouve au pied d’une chute verticale de 260 mètres. Le bruit est assourdissant, la puissance de l’eau est impressionnante et le rafraîchissement est garanti !
La tête pleine de souvenirs, nous quittons les parcs nationaux pour rejoindre l’aéroport de Calgary. En deux semaines, nous avons traversé des paysages extraordinaires : du bleu profond de l’océan Pacifique au turquoise hypnotisant du lac Peyto, des glaciers immaculés des rocheuses aux plages de sable fin de Tofino, nous en avons vu de toutes les couleurs.
Un voyage inoubliable, que je souhaite à tout le monde de vivre une fois dans sa vie!
Je m’appelle Blandine, j’ai 30 ans et je vis en Belgique. Depuis 2014, je voyage dans le monde entier en fauteuil roulant et je partage mes découvertes sur 1000decouvertes4roulettes.com.
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